4 personnes de l'équipe Happyculture se sont rendues à Paris Web 2022, découvrez les sessions auxquelles nous avons assisté.
Nous étions présents à Paris Web cette année. Ce fût l'occasion de retourner voir des gens "en vrai". L'occasion également de baigner dans des sujets moins backoffice tels que l'accessibilité, l'éco-conception ou l'inclusivité.
Ce billet subjectif a vocation à vous donner envie de visionner quelques conférences, cliquez sur le titre pour accéder à la vidéo de la session. Voici l'avis de l'équipe sur sa participation à l'événement
Comme à mon habitude, je me suis concentré en priorité sur les conférences non techniques afin d'élargir ma vision de notre industrie et de profiter d'une expertise qu'il est difficile de trouver dans de la documentation. J'ai donc approfondi ma connaissance de l'accessibilité, de l'éco-conception et, surtout, de l'inclusion dans le monde de la tech. J'ai beaucoup apprécié la qualité des sessions que j'ai suivi et je suis ressorti de l'événement motivé à bloc pour continuer à faire évoluer nos pratiques internes mais aussi, comme toujours, les pratiques de la communauté Drupal (déjà 1 patch dans le cœur suite aux conférences !).Edouard
Évoluer, c'est rester ouvert. Et c'est ce que permet Paris Web. Continuer à rester ouvert envers des problématiques que l'on ne connaît pas toujours aussi bien que l'on devrait.Nicolas
"Une édition de Paris Web que j'ai trouvé particulièrement engagée (voire parfois politique), couvrant des sujets comme l'éthique, l'éco-conception, l'illectronisme ou l'accessibilité. Mes conférences favorites ont été pour beaucoup celles qui abordaient le sujet de l'inclusion, celui des profils atypiques, des femmes dans la tech ou encore des personnes trans au sein de nos projets. De quoi s'interroger pour rendre le web toujours plus qualitatif et ouvert à tout.e.s."Katia
Éco-conception
Sujet incontournable ces dernières années, j'ai assisté à deux sessions sur le thème.
Numérique et éthique : l’impossible équation ?
Si vous n'avez jamais lu ou entendu parler de chiffres sur l'empreinte du numérique, vous pouvez vous installer devant la vidéo de cette conférence, vous aurez droit à un récit d'Agnès Crepet la responsable de la longévité des appareils chez Fairphone. Quelqu'un de bien placé dans le milieu pour vous parler du cycle de vie des téléphones portables. Je vous divulgâche une partie (en fait non, vous le savez déjà car vous avez lu nos articles sur la compensation écologique partie 1 et partie 2), l'extrême majorité de l'empreinte du secteur se trouve dans la production de périphériques. Nous devons donc tout faire pour allonger leur durée de vie.
L'autre raison pour laquelle vous devriez regarder cette conférence c'est pour vous informer des conditions dans lesquelles votre téléphone a de grandes chances d'être fabriqué. L'industrie a une très haute pile de dossiers sur lesquels se pencher pour améliorer ses conditions de travail. Vous ne voulez pas de baskets fabriquées par des enfants ? Vous ne voulez donc pas non plus de téléphones produits dans des conditions indécentes.
Vous avez maintenant un téléphone flambant neuf de deuxième main dans votre poche, à vous les joies de la navigation sur le web, terre de liberté et de créativité infinie. Que vous croyez. Ce n'est plus un secret, les intérêts commerciaux sont devenus colossaux avec le numérique et les géants du secteur font tout pour savoir qui vous êtes et ce que vous aimez afin de cibler vos comportements et les vendre.
Audrey Neveu vous en dessine les contours, vous explique comment tout cela s'organise et vous en informe avec des exemples édifiants si c'est un sujet inconnu pour vous car tout ne se passe pas qu'en ligne, il y a aussi des conséquences dans lavraivie.com et le monde physique.
Il s'agit donc d'une session où vous ressortez avec la banane, non ? Pas vraiment, mais comme toujours dans ces cas là il y a des lueurs d'espoir si on se dit qu'on peut faire quelque chose. Vous êtes responsables de vos choix, de vos usages. Des structures comme La Quadrature du Net ou l'EDRI tentent de défendre nos droits, il faut les soutenir.
Si vous voulez faire un geste sympa après avoir lu ce billet, vous pouvez aussi déposer votre(s) téléphone(s) obsolète dans un point de recyclage (après avoir retiré vos données personnelles bien sûr) ou, plus pratique encore, vous pouvez utiliser jedonnemontelephone.fr qui vous permet d'envoyer votre téléphone à un organisme qui se chargera de le réparer si possible ou de l'envoyer au recyclage. Videz vos tiroirs !
Green IT : que faire en tant que professionnel du Web ?
Toutes les sessions qui parlent d'écoconception évoquerons les mêmes chiffres sur la part la plus importante du cycle de vie d'un périphérique liée à sa fabrication. L'énergie consommée et l'empreinte carbone du secteur sont en croissance et la tendance n'est pas à la diminution. Le secteur doit s'améliorer.
En tant qu'artisans du web, nous ne pouvons pas impacter la création des périphériques. Cela ne nous dédouane pas d'une forme de responsabilité et de la possibilité d'avoir un impact. Notre responsabilité directe se situe au niveau de la consultation et l'utilisation des sites que nous réalisons afin de faire en sorte que les anciens téléphones puisse toujours profiter d'une expérience satisfaisante, que le poids des pages soit limité, que les sites ne proposent pas trop de fonctionnalités etc. Dit autrement, défendre et entretenir un web sobre.
Ces chiffres clé sont capitaux à retenir :
- 20% des fonctionnalités d'un site sont utilisées régulièrement,
- 30% le sont rarement,
- 50% ne le sont quasiment jamais.
80% de vos fonctionnalités ne seront donc peu à pas utilisées. 80%. Concevez des services qui vont à l'essentiel et qui le font bien.
Dans la même veine, on sait que les vidéos sont très consommatrices de ressources, pensez à fournir des transcriptions, cela permettra à quelqu'un de découvrir le contenu sans avoir à lire la vidéo (par choix / contrainte) et effet bonus, cela augmentera la capacité d'indexation de votre contenu dans les moteurs de recherche.
Le sujet de l'éco-conception web devient régulier, l'État s'est emparé du sujet et a lancé des travaux pour produire un Référentiel Général d'Écoconception de Services Numériques (RGESN). De quoi nourrir votre esprit pour s'emparer de ces enjeux lors de votre prochain projet.
Il existe aussi un dépôt qui centralise les bonnes pratiques numériques, version en ligne de l'ouvrage 115 bonnes pratiques d'écoconception. À titre personnel, je ne suis pas convaincu par tout ce que je peux lire dans ces pratiques. Non pas parce qu'elles seraient fausses mais parce qu'elles sont assez bas niveau et se concentre parfois sur des micro-détails. Je pense que collectivement nous pouvons trouver d'autres pratiques à suggérer pour aller plus loin.
Si vous voulez avoir une mesure objective des pages que vous concevez, utilisez l'extension de navigateur GreenIT Analysis (version Firefox, version Chrome) pour estimer l'ecoindex de la page courante. En passant au crible vos pages principales, vous pourrez optimiser l'empreinte de vos pages.
Web ouvert à toutes les personnes
J'ai regroupé quelques sessions sous ce thème, ParisWeb étant attachée à un web ouvert et accessible.
Illectronisme et numérisation des services publics
La numérisation du monde dans lequel nous vivons s'est accélérée très fortement. À tel point que l'administration fait du numérique sa porte d'entrée sur la plupart de ses services. Mais qu'en est-il de nos citoyens et citoyennes qui ne sont pas équipés, pas formés, pas à l'aise avec le numérique et le jargon afférent ? Le service public se doit d'être universel et n'a pas le droit de laisser ces personnes de côté.
Quelques chiffres pour poser le contexte et se rendre compte de la pénétration des outils numériques chez les français :
- 8% de la population n'a pas d'adresse email,
- 9% n'a pas pas d'accès à internet,
- 10% n'a pas d'accès à une imprimante ou un scanner,
- 15% n'a pas internet à la maison,
- 17% utilise un smartphone occasion,
- 22% ne possède ni ordinateur, ni tablette à la maison,
- 84% des personnes de plus de 12 ans possèdent un smartphone.
Lorsque toutes les démarches passent par un écran, cela implique que tous les échanges passent par l'écrit. C'est une difficulté qui s'ajoute lorsque vous êtes illettré(e), non francophone ou que l'oral vous est nécessaire pour vous faire comprendre.
Raphaël Yharrassarry résume la situation comme cela : l'état pense le citoyen comme un "modèle" et cherche à le normaliser. Si vous sortez de cette norme, vous êtes en perte d'autonomie et vous retrouvez en situation de dépendance vis à vis d'un tiers pour faire vos démarches. Trop souvent cela mènera à un abandon.
Cela me fait penser à cette phrase de Benjamin Bayard "l'ordinateur est fatal". Je vous invite à regarder cette vidéo si vous ne l'avez jamais vu s'exprimer sur le sujet.
Trois chiffres complémentaires :
- 18% des français revendiquent avoir une maîtrise des outils numériques.
- 35% expriment rencontrer au moins une forme de difficulté à utiliser les outils (à cause de problèmes technique ou de manque de compétences).
- 28% des personnes s'estiment peu compétentes pour effectuer une démarche administrative en ligne.
Raphaël Yharrassarry narre ensuite son expérience pour concevoir la numérisation de Trackdéchets, un service de Numérisation des bordereaux de suivi des déchets dangereux. Une expérience très ancrée dans le monde physique et pour laquelle le numérique peut répondre à bien des problèmes.
Si vous devez retenir plusieurs choses de cette conférence : ne pas faire toujours plus d'internet, plus d'informatique. Surtout pour de l'administratif, laissez à l'usager le choix de son mode de relation. Idéalement, donnez lui le pouvoir de changer de mode de relation en cours de route.
Si vous voulez inclure toujours plus de personnes, optez pour une stratégie de l'"aller vers". Parlez par exemple à des étudiants sur leurs réseaux sociaux (TikTok, Instagram en 2022). Formez les intermédiaires / les prescripteurs pour qu'ils connaissent et parlent de votre service.
Et si vous concecez des services grands publics, testez avec tous vos bénéficiaires (norme ISO 20282) attention aux biais de recrutement pour les populations qui sont aussi éloignées des contacts qui viennent participer aux tests (les assos / mairies / autres relais de terrain peuvent vous aider à trouver ces personnes).
Je vous recommande vivement le visionnage de cette conférence.
Accessibility by design : comment embarquer les designers ?
En toute subjectivité, ce n'est pas la session que j'ai le plus apprécié. La taille des textes des diapositives n'ayant pas aidé à capter tout le contenu évoqué. Voici quelques idées capturées en vrac au cours de cette écoute :
- L'accessibilité, qu'est ce que c'est ?
- Bah, respecter les contrastes, non ?
L'accessibilité c'est plutôt utiliser le numérique quelque soit sa façon d'y accéder.
Scoop : l'a11y c'est vieux et c'est structuré, ce n'est pas à réinventer à chaque projet.
On suit un processus Design : 1/ on recueille les besoins, 2/ on passe par une phase de conception 3/ on teste que ce que l'on a conçu fonctionne.
L'UX s'améliore partout aujourd'hui mais est ce qu'elle inclue tout le monde ?
⅓ des utilisateurs se déclarent à l'aise avec leur usage du numérique (je vois renvoie à la conférence sur l'illectronisme qui souligne le même point).
Un autre tiers des problèmes d'accessibilité concerne des gens qui éprouvent des difficultés liées à un mauvais design / des bugs techniques. Il est de notre responsabilité d'abolir ces freins.
La majorité des handicaps est invisible (80%).
La grande absente : la communauté trans dans nos produits digitaux
La session a été l'occasion d'écouter les conclusions d'une analyse qualitative sur la qualité de la place qui est faite aux personnes trans lorsqu'elles utilisent des services en ligne.
Le web n'y coupe pas, il y a des stéréotypes de genre du genre une appli de suivi menstruel qui est rose, lorsque le genre est demandé dans des formulaires on parle majoritairement de Homme / Femme ou dans des offres d'emploi, elles sont régulièrement indiquées pour H/F.
Je ne voudrais rien manquer, j'ai surtout écouté pendant cette confiance, jetez y un œil pour écouter toutes les conclusions. Vous pouvez notamment retenir que pour aider cette communauté et bien d'autres, ne demandez que des informations dont vous avez réellement besoin dans vos formulaires. Ex : lors de l'inscrire chez les frères thé, on demande si on doit vous appeler Mme ou M. Mais pourquoi ? Ça ne sert à rien dans l'expérience utilisateur.
Objectifs 2025 de l’accessibilité : quels défis nous attendent ?
L'accessibilité n'est malheureusement pas encore un sujet que l'on peut mettre derrière nous (imaginez si ça devient le cas un jour, ça sera dingue), il faut que la loi monte en puissance pour tenter d'améliorer la situation. Les choses progressent un peu, pas assez vite mais ça avance doucement.
Deux dates clés pour introduire le sujet :
- En 2016 est émise la directive européenne qui a pour échéance 2020-21 et qui vise à rendre obligatoire la mise en conformité de l'accessibilité de tous les sites du secteur public.
- En 2019 est émise la nouvelle version de cette directive qui augmente les exigences et demande maintenant au secteur des grandes entreprises (+250 millions d'€ de CA) de lancer des produits et services accessibles pour 2025.
À date, qu'en est-il des démarches de l'état ? 250 démarches de l'état sont recensées dont seulement 20% réellement accessibles et côté grandes entreprises, ça frémit mais on n'y est pas encore non plus. Ça pique...
Pourquoi on ne constate pas d'amélioration ? Parce qu'il n'y a pas de sanction si vous êtes en dehors des clous. Avec 20 000 € de pénalité pour non conformité si on se fait attraper par la patrouille, on ne risque pas grand chose. Les entreprises se demandent si elles auront un retour sur investissement pour remettre leurs sites en conformité et au vue des sommes engagées préfèrent ne pas bouger.
Mais pour garder l'espoir, des acteurs bougent. Les intégrateurs sont de plus en plus sensibilisés au sujet, de même que les structures commanditaires. Exemple avec une administration belge (Bruxelles environnement) qui témoigne de sa sensibilisation et du chantier qu'elle mène pour mener à bien sa mise en conformité. Il a fallut se former grâce à de l'accompagnement pour prendre conscience des enjeux. Il n'y a pas que le site web, il y a les documents à rendre également accessibles et il faut dresser des priorités selon les sites.
Comment s'organiser pour se mettre en ordre de bataille et rattraper son retard si vous êtes concernés ? En rédigeant votre schéma pluriannuel d'accessibilité et vous faisant accompagner (Access42 ou Temesis sont des structures qui peuvent vous y aider) pour le préparer dans de bonnes conditions.
Une question qui s'est posée tourne autour du besoin de formation et de manque de moyens du secteur pour faire bouger les lignes significativement. La formation reste capitale car on manque de forces vives pour mettre en œuvre l'accessibilité des sites que ça soit dans les formations initiales ou au sein des agences, intégrateurs, clients finaux. Il faut développer le milieu professionnel de l'accessibilité, la compétence n'est pas encore reconnue comme étant un élément différenciant significatif entre deux CV équivalent mais peut être que cela changera. On part de loin car le niveau global est faible (d'où le besoin de formation).
Du social à la tech : plaidoyer en faveur des profils atypiques
Une session témoignage du parcours de Magali qui a parlé de son parcours atypique. Je vous invite à écouter son histoire, elle en parle mieux que je ne pourrais le retranscrire ou le résumer. Un parcours de reconversion où trop vite et trop souvent elle a rencontré des "Pierre", le personnage de développeur qu'elle a croisé et qui cumule les traits négatifs qui lui ont fait sentir qu'elle n'était pas légitime ni à sa place dans cette formation et son nouveau choix de carrière.
L'un des messages forts de la conférence est que le web a besoin de profils divers pour proposer des points de vue différents et innovants et éviter une forme d'entrisme trop souvent répondant à la description d'un groupe de jeunes hommes blancs, valides cis et hétéro. Internet est devenu un outil incontournable pour ne pas dire indispensable. Il n'est plus possible de le concevoir pour une seule communauté, il faut s'ouvrir et se préoccuper de tout le monde sous peine d'éloigner le reste de la population.
(Merci pour le témoignage toujours nécessaire à entendre et bravo pour la patte visuelle de tes diapos, j'ai adoré ! *cœur avec les doigts*)
Pourquoi j’ai envie d’arrêter le dev ?
Nous avons également eu la chance de pouvoir écouter Sonia Prévost décrire les mécanismes qu'elle a croisés et pourraient lui donner envie d'arrêter le développement. D'entrée de jeu, elle prévient que les hommes vont en prendre pour leur grade. Car oui, -encore une fois si vous ouvrez un peu vos écoutilles- les comportements toxiques de certains de ces messieurs ont fait sentir à une femme qu'elle n'était pas à sa place quelles que soient ses qualités.
Florilège de petites phrases qu'elle a pu entendre au cours de sa reconversion :
"Ah bon, tu connais pas ce concept informatique de base ?"
Le message entendu est que tu n'as pas fait un cursus d'ingénieur où tu aurais dû apprendre cela, tu n'es donc pas un(e) vrai(e) développeur(se).
"Toi, tu sais parler aux gens"
Compétence valorisée toute l'année sauf en entretien annuel curieusement. La compétence qui consiste à lier les parties prenantes des projets existe, on l'appelle souvent le travail de gluework.
"T'es pas assez technique pour ce poste"
Dans les faits, comme tu fais du gluework, tu ne progresses pas assez.
"Tu pourrais sourire un peu plus ? Ça met une mauvaise ambiance sinon"
Dit par un manager qui refusait de promouvoir Sonia. Ce n'est pas de l'humour, c'est méchant. Et la liste pourrait être encore bien plus longue.
À force d'entendre toutes ces remarque, cela finit par introduire un doute "suis-je une vraie développeuse ?". À force de répétition, cela finit par avoir un impact et on y croit pour au final répondre par la négative.
50% des femmes quittent la tech après 35 ans, ça devient un problème vaste, systémique car toutes ces remarques sont faites par des hommes cis blancs. Il y a forcément une raison. L'explication n'est pas que la femme a un problème ou n'est pas compétente, c'est le contrôle social informel qui s'applique. Le Contrôle social informel regroupe les pratiques qui produisent et maintiennent les pratiques sociales pour se conformer aux normes. C'est informel et ne relève pas de formes explicites.
Le contrôle social est souvent utilisé à vocation de domination. Il stigmatise et opprime. Dans le secteur, les hommes représentent 70% des employés et 80% des managers. Ce sont donc les femmes racisées, personnes LGBTQI+, en situation de handicap qui subissent ce rapport de force.
Alors comment s'organiser pour faire bouger les lignes ?
- Il faut identifier les techniques : Cela permet de comprendre que ce n'est pas nous le problème, il faut prendre du recul pour diminuer les impacts sur soi.
- S'organiser pour demander de l'aide : Rejoindre une communauté de soutien, documenter les petites phrases, se répéter 1000 fois que le problème ce n'est pas moi, c'est la culture.
- Rédiger un brag doc (qu'est ce que j'ai fait de bien, quelles sont mes compétences...),
- Faire son plan de carrière,
- S'autoriser à faire du code fonctionnel.
Il faut faire bouger les entreprises en les poussant à réfléchir à leur culture d'entreprise, formant & sensibilisant les managers, réfléchir aux bénéfices d'une culture diversifiée, valoriser le gluework.
Chacun doit se poser des questions pour identifier dans quel groupe social il ou elle se trouve, repérer ses privilèges, se demander pourquoi on ne veut pas abandonner ses privilèges et enfin quels avantages on aurait à faire de la place aux autres.
Une super conf, vous trouverez des ressources à lire dans le support.
Méta & technique
On se lève et on se casse
J'étais très curieux d'assister à cette conférence, entendre parler de coopératives, ça fait monter la flamme dans mes yeux comme disait un grand poète national. Dès le début le ton a été donné par Maïtané et Thomas, le parti pris est radical et le trait un peu grossier. La session a donc été un récit de leur vision des différents types de structures qui peuvent s'offrir à vous et de ce que vous pourriez en attendre d'un point de vue autonomie, collaboration, couverture, rentabilité, etc.
Je ne m'attendais pas à une vision si tranchée pour leur association. Ils abordent vraiment la vision des rapports salariaux / structurels par un prisme très autonomiste et ils ont jugé chaque type de structure par ce biais. C'est leur choix et liberté.
Pour connaître les coopératives, ce parti pris a pu faire découvrir le statut à des gens mais leur vue du sujet ne me semble pas représentative de ce qu'est l'esprit coopératif le plus répandu. Tout le monde ne veut pas être indépendant et bosser dans son coin, des gens veulent monter leur projet et être maîtres de leur outil de travail et justement travailler ensemble tout en en tirant les fruits.
Je suis curieux d'écouter l'évolution de leur projet dans quelques années pour voir comment il aura évolué, peut être auront-ils changé d'avis sur certaines choses. (Ou pas, chaque projet pouvant évoluer dans sa propre direction !).
L’industrialisation des designers du web
Cécile Ricordeau a présenté durant 45 minutes sa vision de l'évolution du métier de designer du web et de sa rationalisation pour permettre l'industrialisation. Elle a choisi de dresser un parallèle avec le fordisme qui à l'époque a structuré la production en série d'automobiles.
Cécile pense que les formations omettent de transmettre l'histoire du design et son fonctionnement au profit d'une transmission de compétences à utiliser des outils. Le dessin, la forme, est un homonyme du dessein, la finalité. Il ne faut justement pas le dessein du dessin. Il faut distinguer l'utile du beau et si on réussit à allier forme et fonction, alors on obtient un design réussi.
Dans un monde industrialisé, on va diviser le travail pour pouvoir le séquencer, utiliser une ligne de montage. Les pièces sont standardisées tout comme le produit final.
Cela pose la question de l'uniformisation. N'avez-vous pas remarqué que de plus en plus de sites se ressemblent ? C'est dû à cet effet de standardisation.
Plusieurs couches du processus de fabrication du design peuvent expliquer cela. Les outils ont beaucoup évolué au cours des dernières années, on peut maintenant concevoir un écran en temps-réel à plusieurs. Le client peut se connecter pour voir l'état des livrables et y apposer ses commentaires. Sauf que cela peut aussi devenir un outil de surveillance puisqu'il n'est plus possible de débrancher le câble. Pendant les ateliers, le client peut se sentir pousser des ailes et demander à faire des ajustements en temps réel, ce qui finit par brider le travail du/de la directeur(rice) artistique. La multiplication des kits de composants permet d'aller plus vite pour ne pas systématiquement repartir d'une feuille blanche mais il ne faut pas faire que de l'assemblage à l'aveugle, il faut choisir les éléments à utiliser, savoir quand créer de nouvelles choses, redonner du sens. Ces kits peuvent dévaloriser le travail de design en donnant le sentiment que tout le monde peut le faire.
Il faut créer des émotions pour créer du sens.
Et les émotions ne sont pas présentent lorsque vos yeux sont habitués à voir toujours la même chose. La standardisation est l'ennemi de l'émotion.
La création se nourrit des contraintes, en tant que DA, faites du web un espace qui reste créatif et singulier. Vos clients s'en rappelleront.
Découvrez « le bon HTML » et économisez du JS et du CSS
Bien qu'elle puisse être imparfaite, la spec HTML résout de nombreuses problématiques transverses aux projets. Pour en tirer son plein potentiel, il faut la connaître. Gaël Poupard vous donne une tonne d'exemples de cas où HTML gère nativement des choses que vous pourriez être tentés de faire en JS ou CSS.
Bonus, ses diapos sont en ligne : https://www.ffoodd.fr/paris-web.2022/
Designer l’urgence
Il s'agit probablement de ma session préférée, sur la forme pour sûr, sur le fond les retours d'expériences sont toujours intéressants. Julien Dubedout nous raconte son expérience d'embarquement avec les pompiers pour concevoir leur nouvelle application de coordination des interventions.
Allez la voir, vous verrez comment on gère ce genre de contexte avec des enjeux forts de prolongation de l'existant car on ne peut pas se permettre de "couper" l'ancienne application lorsque la nouvelle débarque.
C'est chouette de voir que des gens se sentent encore concernés par le service public. Nos métiers peuvent rendre des services justement. Merci pour le partage.
Thémiser un design system
Les design systems vous intéressent ? Si vous allez écouter Matthieu Bué vous pourrez en savoir plus sur celui qu'il a conçu chez Proton. La société a diversifié ses activités (en plus des emails) et tous les services utilisent la même identité. Il a donc fallu concevoir un design system capable de supporter ces services. Définir la taxonomie qui sera disponible est la clé, Matthieu vous donne quelques conseils suite à son expérience.
Animating the Impossible
Une image (animée) valant mille mots, si les animations SVG vous intéressent, foncez voir cette vidéo de Cassie Evans, une gourou de l'animation SVG ! Elle vous partage des astuces et librairies pour arriver à vos fins. C'est pédagogique et dynamique à regarder.
Lost in Translation
Si vous adorez les frameworks JS vous devriez voir cette conférence, une div n'est pas un button. Il faut maîtriser ses fondamentaux en HTML avant d'apprendre d'autres langages car cette boîte à outils permet de ne pas réinventer la roue en plus de respecter l'accessibilité (entre autres !).
Combien de balises HTML connaissez-vous sur les 113 existantes ? Testez votre score.
Ateliers
Le samedi, nous avions la possibilité de participer à des ateliers. Pour ma part j'ai participé à Grid Dungeon Master de Raphaël Goetter. Si vous n'avez jamais eu l'occasion d'aller le voir en conférence ou en atelier, allez-y c'est un super pédagogue (et humoriste ?). Les vannes fusent, rendant le moment très agréable.
J'ai ensuite participé à Tech x Impro: comment faire face à toutes les situations. L'idée ici était de pratiquer des petites scènes d'impro représentatives de situations conflictuelles ou toxiques que l'on peut rencontrer. L'intérêt étant de les mimer puis de faire un débriefing collectif pour imaginer comment y répondre et désamorcer voire résoudre ces situations. Intéressant à jouer en groupe !
Dernière activité des trois jours, un atelier baptisé Éco-concevoir grâce à l’idéation et la simplification et animé par LunaWeb. On parle beaucoup d'écoconception, mettre les mains dans le cambouis avec des questions concrètes et un cas pratique était hyper intéressant. L'écoconception n'est pas une nouvelle méthode de conception mais la prise en compte des limites de notre planète dans les méthodes classiques de conception. Damien et Alizée nous ont notamment présenté la méthode CŒUR pour :
- Cacher
- Déplacer un élément
- Ordonner
- Changer la place d'un élément sur la page (pour bénéficier d'un chargement progressif par exemple)
- Éliminer
- Retirer du site
- Uniformiser
- Rapprocher des choses qui se ressemblent fonctionnellement pour rationaliser et réduire le nombre de variantes
- Réduire
- Faire plus sobre avec moins de contenu, moins d'information ou moins de pages.
Rappelez-vous toujours que 45% des fonctionnalités ne sont jamais utilisées et que 70% ne sont pas indispensables aux utilisateurs. Comment on sait si les pages que nous avons conçues sont optimisées ? En s'appuyant sur l'eco-index. Si vous prenez quelques pages représentatives de votre site, le score doit être soigné car il tient compte du poids de la page, de la taille du DOM et du nombre de requêtes nécessaires pour charger la page.
Merci pour l'animation de l'atelier, c'était concret et intéressant à vivre.